Blog Roi du Tablier

Découvrez les origines de l’histoire des tabliers scolaires en France, marquée par les évolutions vestimentaires, les distinctions socio-économiques et les tendances de la mode. Dans cet article, nous explorons l’évolution de ce vêtement emblématique, depuis les débuts de l’école républicaine jusqu’à son adoption généralisée.

L’avènement de l’école républicaine et laïque : aucune tenue n’est imposée aux élèves

Au XIXe siècle, l’éducation populaire de masse était un objectif partagé par les partisans de l’école nationale laïque et ceux de l’école catholique privée. La loi Guizot de 1833 posa les bases de l’enseignement primaire en France. Cependant, ce n’est qu’à partir des années 1880, avec les lois établies par Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique, que chaque village français eut son école laïque, gratuite et obligatoire pour tous les enfants de la République. 

Par ailleurs, au XIXe siècle, les vêtements sont au centre des débats sociaux portant sur les inégalités économiques. Certains parents invoquent même leur extrême pauvreté pour justifier l’absence de leurs enfants à l’école, en avançant qu’ils ne souhaitent pas les exposer à l’humiliation vis-à-vis de leurs camarades mieux lotis en termes d’habits et de chaussures. 

Les familles ouvrières font face à des contraintes budgétaires importantes et de nombreux foyers vivent dans des conditions précaires. Ainsi, il n’est pas envisageable de leur imposer le coût d’un tablier d’école, d’autant plus que cela n’a jamais été une tradition dans les « petites écoles », qu’elles soient paroissiales ou communales. Les enfants continuent de porter leurs vêtements habituels du quotidien.

Les premières distinctions vestimentaires

Différences entre les filles et les garçons

Au XIXe siècle, les jeunes garçons se rendaient à l’école vêtus d’une veste ou d’une sorte de tunique à ceinturon, accompagnée d’une culotte courte ou d’un pantalon long. Leurs chaussures étaient généralement des bottines montantes. Les écolières, quant à elles, portaient une robe, parfois protégée par un tablier à bretelles.

Avec l’arrivée du port du tablier d’école, la séparation des genres était marquée : 

  • Des tabliers longs et garnis de volants pour les filles, qui prenaient parfois l’apparence de robes.
  • Des tabliers plus sobres et pratiques pour les garçons. 

Cette distinction se prolongeait souvent dans les couleurs utilisées.

Différences entre les milieux sociaux

Les codes vestimentaires reflétaient également les disparités sociales. Les familles modestes, souvent confrontées à la précarité, ne pouvaient pas toujours permettre à leurs enfants de se vêtir de manière adéquate.

Les origines stylistiques du tablier d’école

Le tablier d’écolier était destiné à protéger les vêtements portés par les enfants pendant les activités scolaires. Il était souvent confectionné en toile bleue et boutonné dans le dos. Initialement, il coexistait avec d’autres vêtements similaires, tels que le sarrau et la blouse.

Différences entre le tablier scolaire, le sarrau et la blouse

La blouse de travail, appelée sarrau, était un vêtement emblématique des ouvriers du XIXe siècle. Cependant, à mesure que l’école laïque, gratuite et obligatoire se développait dans les années 1880, la blouse de travail était abandonnée par les ouvriers en dehors de leur lieu de travail. 

En revanche, elle continuait à être utilisée comme tablier scolaire, jouant le rôle de protection des vêtements portés en dessous. Malgré les similitudes flagrantes entre le sarrau et le tablier, les rédactrices de mode utilisaient le mot blouse ou tablier, mais ne mentionnaient jamais le sarrau, estimant qu’il y a une grande différence entre le joli tablier à la pointe de la mode et la blouse rustique et peu esthétique des ouvriers.

Le design des tabliers d’école suit les tendances changeantes de la mode

Les tabliers scolaires ont suivi les évolutions de la mode. Au fil du temps, les modèles de tabliers d’écolier ont été influencés par les tendances de l’époque. Les catalogues de vente par correspondance et la presse présentaient diverses variantes, avec des collerettes, des volants ornés de dentelle ou de broderie anglaise et de nouvelles coupes. Les garçons portaient souvent des tabliers noirs à plis, tandis que les filles pouvaient opter pour des tabliers plus élégants, particulièrement lors d’occasions spéciales.

Le tablier scolaire s’impose et s’uniformise

Au fil des années, la blouse pour écoliers s’est imposée et a connu une certaine standardisation.

Démocratisation d’un modèle de tablier scolaire de référence

Au cours de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, un modèle de tablier d’école a émergé en tant que référence. Il était souvent de couleur sombre, avec des plis larges, une ceinture piquée et un empiècement parfois souligné d’un biais contrasté. Ce modèle symbolisait l’écolier et il était utilisé aussi bien par les garçons que par les filles.

Nouvelles préoccupations hygiéniques dans les écoles

Le tablier d’écolier avait également une fonction hygiénique. Les écoliers devaient se conformer aux nouvelles normes d’hygiène promues par les enseignants, notamment en ce qui concerne la propreté corporelle. Chaque jour, la tenue, les mains et les ongles des élèves étaient vérifiés. Porter un tablier d’école en coton permettait de préserver les vêtements des salissures, particulièrement des taches d’encre indélébile employée en classe, et il était plus facile à laver, ce qui simplifiait la tâche des mamans.

Une réalité contrastée 

Malgré une réelle uniformisation du tablier d’école, certaines photographies d’époque révèlent que tous les élèves ne portaient pas systématiquement des tabliers ou des blouses. Bien que certains établissements privés imposent le tablier noir comme uniforme, les écoles publiques laissaient le choix aux familles en matière de vêtements scolaires.

De plus, l’uniformité apparente est trompeuse. Les familles aisées pouvaient se permettre d’acheter à leurs enfants des tabliers neufs et élégants, tandis que d’autres familles devaient confectionner des tabliers à partir de tissus récupérés ou donner à leurs enfants l’ancien tablier du grand frère, délavé, usé, raccommodé et pas toujours à la bonne taille. Les accessoires, tels que les chaussures, étaient également des indicateurs de différences socio-économiques. Ainsi, l’uniforme scolaire ne parvenait pas à dissimuler complètement les signes de richesse ou de pauvreté des parents.